LES RECONNAISSANCES DE LA BELGIQUE ET DE L'ALLEMAGNE

 LES RECONNAISSANCES DE L'ÉTAT BELGE

Carte de déporté

On en fera vite le tour comme vous pourrez en juger, je n'ai bénéficié d'aucune aide financière ou psychologique de la part de l'Etat belge et en ce qui concerne la Fédération Nationale des Travailleurs déportés de Belgique, elle n'a strictement rien fait à l'exception d'un petit journal qui m'était envoyé une fois par mois.

Pour bénéficier de cette brochure, je devais être membre de la fédération et de m'acquitter d'une cotisation, tous les frais médicaux découlant de la guerre et de ma longue convalescence ont été porté à ma charge.

Au début des années 1950, les organisations représentatives des déportés avaient poussé l'état belge à régulariser le statut de “déporté réfractaire”, les personnes concernées pouvaient rentrer leurs dossiers afin d'obtenir éventuellement le statut en question, j'étais du nombre.

Dans cette affaire, j'ai été particulièrement mal conseillé et cela a eu pour conséquence un rejet de ma demande alors que je pouvais parfaitement y prétendre, en effet, je disposais pourtant de toutes les pièces justificatives en rapport à mes différents lieux d'internements.

J'ai fait appel de cette scandaleuse décision et l'affaire a été portée devant les tribunaux, à cette époque j'étais jeune, sans ressource et un diplôme d'étude primaire pour tout bagage, je n'ai donc pas pu payer un avocat et mon dossier fut vite “expédié”.

Je me suis retrouvé au tribunal comme un simple repris de justice et encore actuellement, j'en garde un souvenir particulièrement douloureux, en outre, j'ai été reconnu comme invalide de guerre par une commission médicale, mais comme mon taux d'invalidité était trop bas (10%) et que la réglementation en vigueur prévoyait une sorte de “franchise” d'une valeur de 5%.

Il ne me restait plus que 5% et ce qui dans l'absolu m'excluait de la moindre indemnité, à l'âge de soixante ans, j'ai perçu une rente mensuelle de l'Etat belge tellement ridicule que je préfère ne pas m'étendre sur le sujet et à l'âge de soixante-cinq ans une petite pension de retraite de l'état allemand, tout aussi anecdotique.

 LES RECONNAISSANCES DE L'ÉTAT ALLEMAND

Article du journal Le Soir

Un petit récapitulatif s'impose.

La théorie.
L'état allemand a créé en l'an 2000 (il n'est jamais trop tard) une fondation en vue d'indemniser les victimes du nazisme (revue de presse du journal Le Soir).

C'est le plus beau cadeau de Noël, c'est en ces termes qu'Otto Lamsdorff négociateur allemand du dossier avait qualifié l'accord sur l'indemnisation des anciens travailleurs forcés du nazisme, présenté officiellement à Berlin en présence du chancelier allemand Gerhard Schröder et du négociateur américain, Stuart Eizenstat.

Cet accord historique prévoyait une enveloppe de 10 milliards de marks, alimentée à moitié par le gouvernement Schröder et à moitié par les entreprises allemandes, en principe entre 3000 et 7500€ seront alloué par déporté et d'après les statuts de chacun, cet accord mettait fin à un an d'âpres négociations.

L'Allemagne assumait ainsi sa responsabilité morale, ainsi c'était félicité Eizenstat, ce gouvernement par cet acte soulignait la responsabilité historique des entreprises allemandes, la répartition des indemnisations sera la difficulté principale, il y au peu d'argent et beaucoup de victimes s'était esclaffé l'avocat allemand Witti (représentant des victimes).

LES ORGANISMES REPRÉSENTATIFS

Fascicule OIM,

Le “Sir” service international de recherche située à Badarosen.

L'OIM organisme déjà existant dans de nombreux pays appelé Organisation International pour les Migrations, cet organisme s'occupera dans chaque pays concerné de centraliser les dossiers de demandes et de les envoyer à Genève, siège de cette fondation.

La fondation en question, “Mémoire, responsabilité et avenir” dont le siège se trouve à Genève, elle se chargera du traitement final des dossiers.

Un détail important, seule la juridiction de Genève sera compétente pour traiter les éventuels litiges, un détail qui aura son importance.

LA RÉALITÉ

En 2001, j'ai immédiatement formé un dossier complet avec tous les documents relatifs à ma déportation (carte de travail, lieux d'internements), dès le départ, un échange de courrier avait eu lieu entre le service international de recherche (le Sir) situé en Allemagne et moi-même.

On pourrait résumer cette brochure par le “ choc des photos et le poids des mots”, en lisant ce formulaire, le lecteur a vraiment le sentiment que quelque chose allait changer, que le déporté que je suis n'a pas été oublié et qu'au bout du chemin, il y aura une reconnaissance des souffrances subies.

Je reçu avec les différents formulaires, une brochure explicative reprenant brièvement la procédure à suivre afin de faire aboutir ce dossier au mieux des intérêts des requérants, la plupart de mes lettres sont restés sans suite, peu ou pas de réponses et les rares réponses que je recevais, elles étaient écrites à l'emporte pièces et photocopiées probablement à plusieurs milliers d'exemplaires.

Après trois longues années et quelques dizaines de lettres et courriels électroniques sans réponses, je reçus finalement la lettre de la délivrance tant attendue, c'était une lettre de rejet sans autre forme de procès, mais il existait bien entendu une possibilité de faire appel de cette décision.

EXTRAIT DU RÈGLEMENT DE LA FONDATION MÉMOIRE RESPONSABILITÉ ET AVENIR

Pour que déporté puisse bénéficier d'un dédommagement pour le travail forcé selon la loi sur la fondation allemande.

1-Il doit être établi que la victime a été déportée dans le Reich allemand ou dans un territoire occupé par celui-ci, astreinte au travail forcé et détenue dans des conditions semblables à l'emprisonnement ou des conditions comparables extrêmement pénibles.

2-Les anciens travailleurs forcés originaires d'Europe occidentale, tels que les civils belges, y compris ceux qui, selon la loi belge, sont au bénéfice du statut de déporté pour le travail obligatoire, ne peuvent bénéficier d'un dédommagement selon la loi de la fondation allemande car ils n'ont pas été spécifiquement discriminés en vertu d'un décret officiel ou de toutes autre ordonnance du régime nazi.

3-Les anciens travailleurs forcés civils d'Europe occidentale peuvent obtenir un dédommagement pour travail forcé uniquement s'il ont été déportés et ensuite détenus en prison pour raisons raciales, politiques ou pour des raisons similaires, en camp de rééducation par le travail (Arbeitserziehugslager), en camps disciplinaires attachés à des entreprises (Erziehungslager bei firmen) ou en camps pénitentiaires (Straflager).

carte d'identification de déporté

VORLÂUFIGER FREMDENPASS

carte d'identification de déporté

Vorläufiger Fremdenpass

CONCLUSION

C'est un constat bien amer que je tire de ce dossier de reconnaissance.

L'Allemagne a créé une fondation en vue d'indemniser les victimes du nazisme et par cet acte, l'Allemagne et les entreprises allemandes assument leurs responsabilités morales.

La législation belge n'a pas été oubliée par la fondation, les déportés réfractaires sont automatiquement exclus d'une possible indemnisation comme on le voit, tout est prétexte à exclure de la part de la fondation ‘Mémoire, Responsabilité et Avenir”.

Une enveloppe de 10 milliard de marks, alimentée à moitié par le gouvernement Schröder et à moitié par les entreprises allemandes avait été dégagée de cette façon l'Allemagne et les entreprises allemandes assumaient ainsi leurs responsabilités morales.

Non, l'Allemagne n'assume pas sa responsabilité morale car elle favorise les travailleurs forcés Juifs, Roms et Slaves au détriment d'une masse de déportés européens qui ont pourtant travaillé pour les mêmes entreprises.

Attention, il n'entre pas dans mes intentions de minimiser les souffrances des Juifs, Roms ou Slaves, bien au contraire, aucune somme d'argent aussi importante soit elle ne pourra effacer les humiliations, les mauvais traitements et cela est valable pour moi aussi.

La fondation dénommée pompeusement “Mémoire, Responsabilité et Avenir” est plus un acte politique que moral et on habille Jean avec les vêtements de Pierre, c'est triste vraiment.

Le fait d'être exclu de cette indemnisation est ressenti en moi comme une non-reconnaissance des souffrances subies sous le régime nazi, pour bénéficier de cette “indemnité” selon la loi de la fondation, il faut avoir fait l'objet d'une discrimination particulière sous la législation nazie et pour ne pas en bénéficier cette fondation en a créé une autre tout aussi inique.

Je me dois d'ajouter que nous n'avons jamais reçu aucune aide morale ou financière de la part de l'état allemand et surtout des entreprises allemandes qui ont pourtant abondamment utilisé des déportés de tous les pays d'Europe occupés.

Le recours que j'avais introduit a été rejeté définitivement.

LA RECONVERSION DE LA FIRME ASKANIA-WERKE ACTUELLEMENT

Il y a quelques années, la firme Askania-Werke a commencé une nouvelle vie à Berlin comme producteur d'horloges de luxe

Askania-Werke

La Société Anonyme "Askania-Werke A.G" a été créée en 1921 par la réunion de la firme Carl Bamberg, fabrique de mécanique de précision et d'optique à Berlin-Friedenau et de l'usine Centrale de Dessau.

L'usine Centrale de Dessau fut fondée en 1872 par la Deutsche Continental-Gas-Gesellschaft.

Elle était destinée à fournir en compteur de gaz et en indicateurs de conommation de gaz les nombreuses usines à gaz de cette société.

La fusion avec l'usine Centrale a été faite dans le but d'appliquer l'expérience acquise par l'usine de Bamberg dans la construction des appareils de mesures thermiques aux compteurs et aux indicateurs de conommation de gaz construits à l'usine de Dessau.

De pouvoir ainsi, avec des forces réunies et dans le cadre d'une grande Société Anonyme, travailler avec succès, à l'usine de Bamberg, le vaste domaine des appareils de mesure et de réglage pour le gaz, l'air, la vapeur et la chaleur.


.