Biographies de déporté(e)s

BIOGRAPHIES

Les paragraphes suivant traiteront principalement de biographies de déporté(e)s qui ont été détenus dans le camp de concentration de Beendorf et dans la mine Marie en particulier.

Je tiens à remercier tout particulièrement Monsieur Björn Kooger administrateur du camp de concentration de Beendorf (de 1994 à 1996) pour l'aide qu'il m'a apporté à la résolution de ces biographies.

Actuellement le deuxième maire de Beendorf, Monsieur Hansper, s'occupe de l'exposition avec le "Arbeitskreis KZ Gedenkstätte Beendorf" avec un petit groupe de bénévole.

FERNAND ET RAYMONDE BELOT

Fernand et Raymonde Belot

Fernand Belot, médecin et résistant, est né à Besançon dans une famille d'instituteurs d'Ornans dans le Doubs le 9 juillet 1917. Il a été fusillé par les Allemands le 9 juin 1944 à Communay, Rhône.

Son épouse Raymonde Belot, née Vallat, médecin et résistante, est née le 16 janvier 1921 à Lyon (Rhône) et décédée en 2006.

Après avoir passé son bac au lycée Victor Hugo de Besançon, Fernand Belot part en 1935 faire ses études de médecine à Nancy. Parallèlement à ses études, il milite à la Jeunesse étudiante chrétienne.

En 1940, il rencontre Raymonde Vallat lors d'une réunion de la JEC, étudiante en histoire-géographie à Lyon, elle s'est engagée dès la rentrée universitaire à la JEC, où elle milite sans ménager son temps et sa peine, encouragés par le Cardinal Gerlier, créer un nouveau journal d'inspiration chrétienne, en remplacement du « Temps présent » qui ne paraît plus depuis le mois de juin,

Très vite Raymonde va aider Fernand à rédiger, imprimer, diffuser, ils font maintenant partie des principaux responsables de l'organisation des « Cahiers du Témoignage chrétien », le journal créé en 1941 par le Père Jésuite Pierre Chaillet, l'appartement des parents de Raymonde va servir de « point de chute ».

Fernand et Raymonde Belot, juillet 1943 le 22 juin 1943, Fernand Belot soutient sa thèse de doctorat en médecine quelques jours avant son mariage civil, le 29 juin 1943, Fernand et Raymonde se marient civilement puis religieusement le 1er juillet, après trois années d'activité dans la Résistance, Fernand Belot est dénoncé par un traître, un italien nommé Ferrarèse, membre de la Gestapo, qui s'est infiltré dans le groupe.

Il est arrêté à Lyon le 27 mars 1944 avec Raymonde, son père, le Colonel Belot, et ses beaux-parents, malgré les tortures et les sévices de Klaus Barbie au Fort Montluc à Lyon, ils ne dévoileront jamais les secrets du réseau « Témoignage Chrétien ». La conduite de Raymonde fut aussi admirable que celle de son époux.

Fernand a été fusillé par les Allemands le 9 juin 1944 avec dix-huit autres prisonniers au bord d'une route, à Communay dans l'Isère, non loin de Lyon, il avait vingt-six ans, apprenant que son mari a quitté sa cellule, Raymonde pense qu'il a été déporté et qu'il s'évadera comme il en avait pris l'habitude, elle n'a que vingt-trois ans et ils sont mariés depuis à peine onze mois.

Le 1er juillet, Raymonde est envoyée à Romainville. Le 10 juillet, c'est le départ en train vers l'Allemagne, après un arrêt à Neuenbrem, elle est envoyée au camp de concentration de Ravensbrück, dans ses mémoires, « Le sel de la mine », elle se fait appeler Jacqueline. « Nous formions une entité, tout au long de notre déportation, nos camarades considérant notre groupe comme une individualité » écrit-elle. Elles restèrent d'ailleurs soudées jusqu'à la fin de leurs jours.

Raymonde raconte l'horreur concentrationnaire

Le 5 août 1944, elles arrivent au camp de travail de Beendorf près de Magdebourg, durant huit mois, elles travaillent dans une usine souterraine creusée dans une immense mine de sel jusqu'à 800 mètres sous terre : douze heures par jour, une semaine de jour, une semaine de nuit, six jours sur sept, tel est le rythme de travail des déportées. Trois kilomètres les séparent du camp.

Un jour, on lui annonce qu'elle a saboté son travail. 4 000 pièces sont fausses. On va la fusiller. Elle n'avait plus assez de force pour tourner le volant du tour, si bien que le pas de vis qu'elle fabriquait, était trop grand pour la vis. Finalement « l'ingénieur » lui dit : « Après tout, ce n'est pas votre travail qui nous intéresse. Ce qu'on veut, c'est vous faire crever ! ». « À l'heure de ma mort je m'en souviendrai encore » écrit-elle.

Elles avaient, certes, toutes perdu au moins vingt kilos, leurs ongles et leurs cheveux ne poussaient plus, mais les Françaises gardaient toujours la tête haute, ce qui énervait les surveillantes.

Enfin ce fut Hambourg en avril 1945. Elles creusent des tranchées antichars, pour la première fois, Raymonde avoue qu'elle a bien failli flancher, elle pèse trente cinq kilos et les forces lui manquent, elle n'en peut plus, le 2 mai, on les fait monter dans un train qui les emmène dans une petite gare, des camions blancs de la Croix-Rouge Danoise les attendent, elles sont conduites en Suède, car le Danemark est occupé, elles sont accueillies par le Comte Bernadotte qui les fera soigner et retrouver figure humaine. Elles rentrent à Paris le 9 juillet 1945.

Raymonde Belot apprend alors l'assassinat de son mari. En fait, ses amies connaissaient la vérité, mais elles ne l'ont jamais dévoilée à Raymonde qui a toujours gardé espoir de retrouver Fernand vivant. Pendant onze mois elle a recherché vainement sa trace, finalement il a été reconnu sur une photo de fusillés non identifiés. lors de son retour à Lyon par fidélité à la mémoire de son mari, Raymonde entreprend des études de médecine et se spécialise en radiologie. Elle ouvre un cabinet à Aix-les-Bains.

En octobre 2007, une plaque a été apposée en l'honneur de Fernand Belot sur le gymnase du collège Victor-Hugo de Besançon, qui porte désormais le nom du Résistant. Fernand et Raymonde Belot reposent au cimetière de Saint-Ferjeux.

Extrait biographie texte source "Wiki".

DAVID ROUSSET

  • David Rousset

David Rousset est un écrivain et militant politique français né le 18 janvier 1912 à Roanne (Loire) et mort à Paris le 13 décembre 1997. Résistant, déporté, il a publié deux ouvrages de référence sur les camps de concentration : L'Univers concentrationnaire et Les Jours de notre mort.

Formation:

Fils d'un ouvrier métallurgiste devenu cadre de maîtrise et petit-fils de deux grands-pères pasteurs, l'un à Annonay, l'autre à Roanne. A quatorze ans suite à un accident de tennis, il perd un œil.

David Rousset fait des études de philosophie et de littérature à la Sorbonne, élève de Dumas, professeur de psycho-pathologie à Sainte-Anne.

Entre 1931 et 1936, il voyage en Allemagne et en Tchécoslovaquie, il rejoint, dès 1931, les Étudiants socialistes, enseignant, il se rapproche de Trotski qu'il rencontre lors du séjour de celui-ci en France, et il est de ce fait exclu de la SFIO en 1935.

L'année suivante, il est l'un des fondateurs du Parti ouvrier internationaliste (POI). Il se consacre, alors à l'action contre le colonialisme, en Algérie et au Maroc. En 1938, il est correspondant des revues américaines "Fortune" et "Time". En 1939, il épouse Susie Elisabeth Elliot, avec qui il aura trois fils.

La déportation :

Durant l'Occupation, il participe à la reconstitution du POI clandestin, il est arrêté par un inspecteur français et deux allemands, le 16 octobre 1943, pour avoir entrepris un travail politique en direction des soldats de la Wehrmacht.

Il est torturé rue des Saussaies pendant une journée, emprisonné à Fresnes, puis déporté à Buchenwald, puis envoyé aux camps de Porta Westfalica et de Neuengamme.

Devant l'avancée des Alliés, il est déplacé avec les autres survivants plus au Nord, cette dernière marche de la mort se termina pour lui dans le kommando de Wöbbelin près de Schwerin avec les déportés déplacés du camp de Neuengamme.

Après la guerre, il publie L'Univers concentrationnaire, ouvrage fondamental sur les camps nazis qui obtient le Prix Renaudot en 1946, et en 1947 un roman sur les camps nazis,

Le livre "Les Jours de notre mort " à partir de témoignages de déportés, refondus en plusieurs personnages et "L'univers concentrationnaire".

Extrait biographie texte source "Wiki".

ALBERT ROHMER

Albert Rohmer le retour de captivité

Pédiatre de formation, Albert Rohmer exerce en 1943 comme chef de clinique à Clermont-Ferrand lorsqu'il devient résistant, une de ses missions est alors d'organiser les services de santé au sein du M.U.R. pour la région Auvergne.

Le 8 mars 1944, un attentat majeur secoue Clermont-Ferrand ce qui entraîne une rafle très importante dans le milieu universitaire strasbourgeois (replié en Auvergne).

Arrêté par la Gestapo sur dénonciation, Albert Rohmer est envoyé à la prison du 92e R.I. de Clermont-Ferrand pour y être interné, trois mois plus tard, Albert Rohmer est finalement déporté à Neuengamme après avoir transité par Compiègne.

À son arrivée le 18 juillet 1944, on lui attribua le matricule 37037, puis on l'envoya comme (déporté-)responsable de l'infirmerie du kommando de Helmstedt dépendant de Neuengamme.

Après seulement trois semaines dans cette infirmerie, le commandement nazi du camp lui ordonna d'euthanasier des déportés fiévreux en masse. Le Dr Rohmer refusa fermement d'obéir, en conséquence de quoi il fut condamné à la potence. Son exécution par pendaison fut prévu pour le lendemain. Néanmoins, sa condamnation à mort fut commué en raison du manque important de main-d'œuvre. "Cassé" par le commandement nazi, il est finalement envoyé dans la mine de sel de "Schacht-Marie" comme simple triangle rouge. Il y restera déporté jusqu'à fin avril 1945.

Reçu par le général James M. Gavin le 3 mai 1945 en compagnie de David Rousset, Albert Rohmer ne sera rapatrié que le 1er juin 1945 à Paris en raison de son état de santé. Il fera d'ailleurs la une des journaux car il sera choisi pour incarner le millionième Français rapatrié ancien prisonnier de guerre.

À son retour de déportation, il retrouva ses fonctions de chef de clinique infantile de Strasbourg. De 1946 à 1951, il fut le directeur du Centre interdépartemental d'éducation sanitaire du Haut-Rhin, Bas-Rhin et de la Moselle ; tandis qu'en 1966, il fut nommé Professeur de pédiatrie à la Faculté de médecine de Strasbourg (fonction qu'il occupa jusqu'en 1982, moment où il prit sa retraite).

Albert Rohmer est un des nombreux déportés rencontrés et cités dans Les jours de notre mort par David Rousset, livre traitant de la vie des déportés en camp de concentration.

Son patronyme n'est cependant pas mentionné dans l'ouvrage où il est juste connu par son prénom, Albert.

Des universités aux camps de concentration - témoignages strasbourgeois, un chapitre écrit par Albert Rohmer sur la vie au camp de Neuengamme intitulé : "Helmstedt, Mine de Sel"

Extrait biographie source "Wiki"

LA FAMILLE GOUPILLE

  • La famille Goupille
  • André Goupille
  • André Goupille, son épouse Jeanne et ses parents
  • Rue André Goupille

André Goupille est né en 1897? Il s'établit à La Haye-Descartes en 1922 et est docteur vétérinaire.

il est marié à Jeanne, née Ballue en 1896, dont les grands parents sont originaire d'Alsace-Lorraine et ont quatre enfants : Élisabeth, née le 05/03/1924, Pierre, né le 09/02/1925, Louis, né le 10/04/1926, et Jean, né le 06/06/1927.

Au moment de l'invasion allemande en mai 1940, il a 43 ans,  après avoir tenté de fuir, en se réfugiant à l'Ile d'Oléron, la famille revient s'installer à La Haye-Descartes, situé à 20 km de la ligne de démarcation.

Lors des hostilités il refusa avec sa femme Jeanne* de se soumettre à l'occupant.

Dès 1940, aidés de leur quatre enfants, Élisabeth* (16 ans), Pierre* (15 ans), Louis* (14 ans), Jean (13 ans) et de leur employée de maison Odette Métais*, ils feront passer la ligne de démarcation à plus de 2000 juifs, résistants, pilotes, évadés, en octobre 1940, il fait passer des soldats algériens et marocains.

A la fin de l'année 1940 la ligne est déplacée vers le nord et passe à quelques centaines de mètres de La Haye-Descartes.
Muni d'un laissez-passer qu'il avait obtenu pour exercer sa profession et aidé de sa famille et de ses proches, il assure un point de passage de prisonniers et de civils tentant de changer de zone.

Tous ceux qui avaient un semblant de courage, ou pour qui l’appât du gain faisait surmonter la peur, guidaient ceux qui vou­laient passer en zone sud. Cette aventure présentait si peu de risques que l’on vit passer des gens pour assister à un mariage d’un parent ou même d’un ami, les candidats au passage arrivaient simplement pour avoir entendu dire qu’à La Haye-Descartes [localité d’Indre et Loire] c’était facile.

Parce que quel­qu’un de connaissance était passé par là et qu’un car arrivait jus­qu’à la frontière. Échouant dans les hôtels ou les cafés, ils avaient vite fait de trouver un passeur qui n’attendait que l’occasion de s’employer. Parmi les passeurs, il y avait ceux qui imposaient un tarif et qui, par exemple, ne passaient pas une lettre si elle n’était pas accom­pagnée d’un billet de 5 francs.

Il y eut ceux, peu nombreux il faut le reconnaître, qui firent payer très cher à des Juifs un passage qu’ils décrivaient difficile et dangereux, enfin, il y eut quelques-uns qui n’acceptaient rien de ceux qu’ils avaient aidés, extrait des mémoires d’André Goupille, Mon village sous la botte.

Durant l'été 1940, Jeanne prend contact avec le réseau du Musée de l'homme et les Goupille assure pour ce réseau un point de passage pour le courrier, les documents et les agents de la France Libre, ils organisent tous les deux une forte résistance, la ligne est d'abord surveillée par des troupes de la Wermacht, qui ne mettent pas trop de zèle.

Après la déclaration de guerre de l'URSS, ces troupes furent remplacées par des douaniers et les passages devinrent beaucoup plus difficiles et même parfois dangereux.

Les frères Vernat furent des aides efficaces. Grâce à eux et à Ludovic Tesseraud, ils réussissent à ne faire prendre personne, quand les passages sont devenus plus difficiles, les passeurs se sont fait plus rares alors que des gens de plus en plus nombreux avaient besoin de passer : prisonniers évadés, Juifs, communistes, jeunes cherchant à passer en Angleterre ou en Afrique du Nord.

Ils sont tous accueillis chez les Goupille dans l'attente d'un passage, après la suppression de la zone libre, André Goupille* s'installe comme vétérinaire au Grand-Pressigny, le 20 janvier 1942, André Goupille est arrêté par les douaniers. Les Allemands découvrent dans sa voiture des documents et une trentaine de lettres à destination de la zone libre et un carnet compromettant à leur domicile.

Il est transféré de Tours à Angers et sera libéré après 5 semaines de détention, jeanne* et son fils Louis* entreprennent les démarches pour la libération d'André Goupille, libéré, grâce à l'intervention de Jacques Mansion, qui fait retirer les documents compromettants du dossier judiciaire, il est en zone libre dès le lendemain.

Odette Métais et les enfants Goupille poursuivent les passages jusqu'en février 1943, date à laquelle la ligne est définitivement supprimée, les actions de résistance prennent alors un autre tour, à partir de mai 1943, André Goupille* organise des équipes de parachutage.

Lucien Marchelidon vient de Montluçon. Évadé en janvier 1943 d'un train pour l'Allemagne, il est réfugié chez son oncle à Preuilly et prend alors contact avec les Goupille, il sera chargé de rechercher des terrains d'atterrissage avec Louis Goupille.

En juillet 1943, un premier parachutage d'armes à lieu et dirigé vers un maquis de la région de Limoges. En septembre 1943, les armes parachutées sont envoyées vers le maquis de l'Indre, les réfractaires au STO affluent chez les Goupille pour trouver un abri et de faux papiers.

Les Goupilles se procurent des papiers et des tampons et trouvent des fermes de la région qui accueillent les jeunes, au début 1944, la situation devient encore plus difficile et les réseaux sont infiltrés, l'abbé Henri Péan est arrêté le 13 février 1944 à la sortie de la messe à La Celle-Saint-Avant, et dans la nuit du 15 au 16 le docteur André Goupille est arrêté par la Gestapo ainsi que Pierre, Odette Métais, Lucien Marchelidon et Simone Goupille, la sœur d'André Goupille.

La Gestapo arrête au collège Louis, Jean et Élisabeth. Jeanne est arrêtée une semaine après.

Les Goupille et de nombreux proches seront déportés à Neuengamme, Mathausen, Ravensbrück, Beendorf, Flossenburg et Flöa.
Aidés de Pierre Renard, Alphonse Cathelin, Mme de Poix, Henri Péan, le curé de Draché, qui ont fait partie des parachutage et Marcel Maire qui a eut l'occasion de faire partie d'un réseau de renseignements.

En janvier 1944, la Gestapo met un terme à toutes ces activités en procédant à de nombreuses arrestations dans tout le canton de La Haye-Descartes, l'abbé Henri Péan est massacré, 39 personnes sont déportées dont seulement 17 reviendront de camps.

Par miracle, toute la famille survécut. Le docteur André Goupille* revint s’installer à la Haye-Descartes où il poursuivit ses activités professionnelles et se consacra à écrire ses mémoires ainsi que l’histoire de la région de la Haye-Descartes.

Source "ajpn" 

SUZANNE FOURNERY

Suzanne Fournery

Suzanne Fournery était professeur de mathématiques au Lycée Victor Duruy à Paris.

Son père Georges Fournery, aveugle grand mutilé de la guerre 14-18, était professeur au Lycée Louis le Grand.

Tous deux faisaient de la Résistance. En avril 1943, Suzanne Fournery se porta volontaire pour aider à cacher deux enfants juifs, Renée Buch, onze ans, et sa soeur Claudine, trois ans, dont le père, arrêté en 1942, avait été déporté à Auschwitz où il périt.

En avril 1943, alors que les fillettes se trouvaient chez leur nourrice, leur mère et leur soeur Lucienne furent tuées dans leur appartement à Boulogne lors du bombardement du pont de Sèvres.

Selon la loi, les deux orphelines auraient dû être remises à l'Assistance publique. Suzanne, qui savait qu'une telle solution entraînerait probablement l'arrestation et la déportation des deux soeurs parce qu'elles étaient juives, alla les chercher en hâte et les conduisit dans un home du Chesnay, après avoir réussi à convaincre le maire d'assumer les frais de leur entretien.

Le 25 mars 1944, la Gestapo arrêta Suzanne Fournery. Déportée à Ravensbruck, elle y fut affectée à l'impitoyable travail dans les mines de sel.

Epuisée, à bout de forces, elle fut sauvée au dernier moment par une mission de la Croix-Rouge suédoise qui la fit hospitaliser à Stockholm, bien soignée, elle eut la chance de se rétablir et de pouvoir rentrer en France où elle retrouva son poste.

Plus tard elle fut décorée de la Croix de Guerre; sa citation mentionna son action de sauvetage d'enfants Juifs pendant l'Occupation,
le 5 novembre 1997, Yad Vashem a décerné à Suzanne Fournery le titre de Juste parmi les Nations.

Suzanne Fournery ne s'est jamais mariée et était proche de ses cousins, dont Georges Fournery et ses enfants, résistants.

Suzanne Fournery décéda le 29 janvier 1991 dans le 6e arrondissement à Paris. 

Source "ajpn"

ZOE ROCHE

Zoé Roche

Zoé Roche (1897-1945), dite « Zette de Penanrun », elle a très tôt une perception aiguë des dangers que représente la montée du national socialisme en Allemagne.

Avant-guerre, elle se distingue par ses prises de position contre les menaces dues à l’apparition des régimes totalitaires en Europe Centrale.

Elle tisse des liens étroits avec les ressortissants de ces pays, exilés à Lyon, notamment avec les Polonais.

Pendant l’Occupation, elle œuvre dans les rangs du Mouvement Combat et assure la liaison entre la Résistance polonaise installée à Lyon et le gouvernement polonais en exil à Londres, dans le cadre du réseau francopolonais Monica.

En septembre 1943, elle est arrêtée par la Gestapo à son domicile (quai Général Sarrail). Incarcérée à la prison de Montluc, elle est déportée, en 1944, au camp de Ravensbrück (Allemagne), puis affectée au travail à l’usine installée dans les mines de sel de Beendorf.

Elle connaît la libération du camp de Ravensbrück en avril 1945. Recueillie par une mission suédoise, elle décède à Malmö le 8 mai 1945. »
« Une place délimitée par les rues Montgolfier, Boileau et Félix Jacquier à Lyon 6e porte son nom.

GAGNOL NÉ GONNARD ELIZE FRANCOISE

  • Gonnard Elize Francoise
  • Carte de déportée Gonnard Elize

Est née le 30 août 1897 au domicile de ses parents rue des Deux-Ponts à Gannat (03). Son père Louis est cultivateur et sa mère Marie née GAUVIN est couturière.

Le 12 décembre 1933 elle épouse Pierre GAGNOL à Clermont-Ferrand (63).

Photo: Direction Interdépartementale des Anciens Combattants de Clermont-Ferrand.

Elle exerce la profession de téléphoniste et est domiciliée à Chamalières (63).

Elle est agent de liaison au réseau «Mithridate» réseau de renseignement militaire créé par Jean Herbinger et rattaché au BCRA (Bureau Central de Renseignement et d'Action).

Source: Dictionnaire Historique de la Résistance

Elle est arrêtée le 16 octobre 1943 et internée à la prison du 92ème Régiment d'Infanterie à Clermont-Ferrand, le 31 janvier 1944 elle fait partie des 959 femmes déportées de Compiègne à Ravensbrück où elle arrive le 3 février dans le convoi N° I.175 qui est essentiellement composé de résistantes, elle reçoit le matricule N° 27696 et après la quarantaine elle est transférée au Kommando de Helmstedt-Beendorf.

Helmstedt-Beendorf: Kommando du KL Neuengamme situé à 40 km à l'est de Braunschweig, on retrouve deux Kommandos sur ce site, un d'hommes et un de femmes. Créés respectivement en mars et en août 1944, ils font travailler les détenus à la construction d'usines souterraines dans les anciens puits de mines «Bartensleben» et «Marie». Plus de 2000 femmes y travaillent. Il est évacué le 7 avril 1945.

Source: Livre mémorial de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation et Mémorial des Français et des Françaises déportés au camp de concentration de Neuengamme et dans ses Kommandos, elle rentre le 14 mai 1945.

La carte de Déporté Résistant lui est attribuée le 9 avril 1951.

Source "Amis de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation de l'Allier"

GILBERTE TAMISÉ

  • Gilberte Tamisé
  • Gilberte Tamisé
  • André Tamisé
  • Le Fort du Hâ
  • Hôtel Lutétia à Paris

Marie, Gilberte Tamisé naît le le 3 février 1912.

Son père est bottier à Caudéran, dans la proche banlieue de Bordeaux (Gironde – 33). Le 28 février 1922, sa mère met au monde une petite sœur, Andrée, mais décède alors que le bébé est seulement âgée de sept mois.

Grande sœur, Gilberte devient également la petite mère. Elle quitte l’école Jules-Ferry de Cauderan pour rester auprès de sa sœur et s’occuper du ménage, mais elle reçoit des leçons à domicile jusqu’au brevet élémentaire. Puis elle apprend la sténodactylographie parce que son père veut qu’elle ait un métier, mais elle ne prendra jamais d’emploi.

Andrée fréquente l’école Paul-Lapie, à Caudéran, jusqu’au brevet élémentaire ; quand la guerre éclate, elle n’a pas encore fait choix d’une carrière.

Gilberte et son père sont militants du Parti communiste, bientôt rejoints par Andrée.

En 1940, leur père est arrêté (lors de la vague d’arrestations du 22 novembre ?) puis interné au camp français de Mérignac, près de Bordeaux.

Dès que la résistance prend corps, les deux sœurs cachent une ronéo chez elles, tapent et tirent des tracts, les portent dans tout le département. Andrée anime un groupe d’étudiants bordelais et de jeunes des Auberges de jeunesse (sur une vingtaine de ces jeunes gens et jeunes filles, deux seulement se sont retrouvés après la guerre). Gilberte fait la liaison entre Bordeaux, Bayonne et Tarbes pour un groupe de Francs-tireurs et partisans (FTP).

Alertées par des arrestations opérées parmi leurs camarades étudiants quelques jours plus tôt, les deux sœurs devraient fuir. Mais leur père est dans un camp d’internement. Peuvent-elles l’abandonner et risquer qu’il en subisse des représailles ? Peuvent-elles laisser un prisonnier qui a besoin de vivres, de soutien ?

Le 3 avril 1942, Gilberte et Andrée sont arrêtées chez elles par la brigade du commissaire spécial Poinsot, de la préfecture de Bordeaux. Elles sont emprisonnées au fort du Hâ, le 16 octobre 1942, les sœurs Tamisé sont en tête de liste parmi les 70 hommes et femmes – dont 33 futures “31000”(les “Bordelaises” et les Charentaises) – transférés depuis le Fort du Hâ et la caserne Boudet de Bordeaux au camp allemand du Fort de Romainville, situé sur la commune des Lilas (Seine-Saint-Denis 

Le 22 janvier 1943, Andrée et Gilberte font partie des cent premières femmes otages transférées en camions au camp de Royallieu à Compiègne, le matin suivant, 24 janvier, les deux-cent-trente femmes sont conduites à la gare de marchandises de Compiègne, en gare de Halle (Allemagne), le train se divise et les wagons des hommes sont dirigés sur le KL Sachsenhausen, tandis que les femmes arrivent en gare d’Auschwitz le 26 janvier au soir, elles sont conduites à pied au camp de femmes de Birkenau.

Andrée y est enregistrée sous le matricule 31714, Gilberte sous le matricule 31715. Le numéro de chacune est immédiatement tatoué sur son avant-bras gauche, le 3 février, la plupart des “31000” sont amenées à pied, par rangs de cinq, à Auschwitz-I, le camp-souche où se trouve l’administration, pour y être photographiées selon les principes de l’anthropométrie : vues de trois-quart, de face et de profil.

Déjà affaiblie par la dysenterie, Andrée contracte une congestion pulmonaire, pourtant elle veut tenir, ne pas quitter sa sœur, ne pas aller au Revier  l’« hôpital » du camp. Au bras de Gilberte, elle se traîne vers les Kommandos des marais, vers les briques, vers le sable, respirant de plus en plus difficilement, elle dit un jour à sa sœur : « Je ne peux plus te suivre », après l’appel, elle veut se mettre dans la colonne de celles qui entrent au Revier.

Des Polizeis considèrent qu’il y a déjà trop de malades : elles la refoulent et la renvoient vers son Block en la rouant de coups. Les Kommandos de travail sont déjà partis, Andrée essaie de se cacher dans le Block, d’y attendre le retour de Gilberte. Une stubova la découvre, la traîne dehors et la bat.

Le soir, Gilberte trouve sa sœur sale, couverte de boue, bleue de coups, épuisée. Andrée meurt dans la nuit, près de sa sœur qui, en sortant pour l’appel (le réveil étant fixé à trois heures, c’est la nuit noire), la porte dehors et la dépose – tendrement – le long du mur du Block, dans la boue.

Andrée Tamisé meurt à Birkenau le 8 mars 1943.

À Birkenau, Gilberte Tamisé tient et survit, malgré la mort de sa sœur qui la laisse égarée, ses camarades ne la quittent pas un instant. Elle fait partie d’un groupe de six “31000” survivantes qui ont réussi à se maintenir ensemble depuis leur arrivée et composé d’elle-même (la plus âgée), de Simone Alizon (Poupette), de Charlotte Delbo, de Christiane Charua (dite Cécile), de Jeanne Serre (dite Carmen) et de sa sœur, Lucienne Thévenin (Lulu).

Au cours du mois de mai, les six sont affectées comme jardinières au Kommando agricole de Raïsko avec un groupe de détenues polonaises, le 7 janvier 1944, avec ses cinq compagnes, Gilberte Tamisé fait partie d’un petit groupe de dix détenues désignées par le commandant d’Auschwitz pour être transférées vers un autre camp, arrivé le lendemain matin à Berlin, leur groupe et son escorte SS emprunte le métro aérien pour passer d’une gare à une autre, elles descendent du train pour marcher jusqu’à la porte du camp de femmes de Ravensbrück.

Cinq jours plus tard, le 9 août 1944, après sept mois au KL Ravensbrück, Gilberte Tamisée se retrouve avec ses compagnes Poupette, Cécile, Carmen et Lulu dans un transport pour le Kommando de Beendorf, dépendant du KL Neuengamme, l’hébergement de trois mille femmes se fait sous un immense hall en béton aménagé, mais celles-ci descendent quotidiennement travailler entre 400 et 600 mètres de profondeur dans une usine installée à l’intérieur d’une mine de sel et où sont fabriquées des pièces de moteurs de V1 (bombes volantes).

Exceptées Carmen et Lulu, elles sont séparées au hasard des ateliers qui fonctionnent jour et nuit. Elles obtiennent le soutien matériel de prisonniers de guerre français affectés à la mine, mais qu’elles ne rencontrent pas. Là encore, elles sabotent la production autant que possible.

Le 10 avril 1945, les cinq amies se retrouvent pour l’évacuation du camp. Les cinq mille concentrationnaires sont escortés jusqu’à un train de marchandises. Les femmes sont entassées dans des wagons à bestiaux et les hommes jusqu’à 250 sur des plates-formes découvertes, les Alliés approchent. Le bruit du canon devient de plus en plus fort. Au court du trajet, elles ont même vu entrer dans la ville de Stendal les premiers blindés américains. 

Après six jours d’un trajet mortel, les hommes sont conduits au petit camp de Woblelin. Emportant alors seulement les femmes, le train passe par la gare de Lübeck, stationne ensuite à proximité du KL Neuengamme déjà évacué, puis s’arrête définitivement à hauteur du petit camp de Sasel, Kommando de femmes situé dans un faubourg de Hambourg

Vers trois heures du matin, elles franchissent la frontière danoise à Padborg. Au petit matin, on leur distribue des cartons avec de la nourriture. Le train va jusqu’à Copenhague où elles embarquent sur un ferry pour Malmö. On les installe dans un train vide pour y attendre leur désinfection.

Le 23 ou 28 juin, les cinq amies sont rapatriées en avion – un DC9 équipé pour le transport de parachutistes – depuis Stockholm jusqu’à l’aérodrome de Villacoublay, proche de Versailles (Yvelines).

Conduit à l’hôtel Lutétia à Paris, leur petit groupe se disperse dans les bureaux où ont les interroge. Puis celles de la région parisienne partent avec leurs familles ou rentrent chez elles, Gilberte Tamisé est officier de la Légion d’honneur, titulaire de la Médaille militaire.

Elle décède le 17 mars 2009 à Pessac (33) à l’âge de quatre-vingt-dix-sept ans, elle est inhumée au cimetière de La Chartreuse de Bordeaux.

À Caudéran, la maison de la famille Tamisé porte une plaque : « Andrée Tamisé née dans cette maison le 28 février 1922, morte à Auschwitz le 8 mars 1943. »

Source - large résumé "Mémoire Vive"

MARIE, "Mariette" Et SIMONE, "Poupette", ALIZON

  • Marie et Simone ALIZON
  • Marie ALIZON
  • Simone ALIZON
  • Le fort de Romainville
  • Birkenau Auschwitz-II
  • Hôtel Lutétia à Paris

Les deux sœurs naissent à Rennes (Ille-et-Vilaine).

Après la première guerre mondiale, leurs parents, issus tous deux de familles paysannes pauvres, parviennent à acquérir un ancien relais de poste transformé en hôtel, au 8, contour Saint-Aubin (où siège actuellement la Direction départementale de l’Office national des Anciens combattants).

Marie Alizon, l’aînée, naît chez ses parents le 9 mai 1921, vient ensuite Simone, née le 24 février 1925, qui restera de santé fragile toute son enfance. 

Après juin 1936, Simone, dite « Poupette », entre dans un préventorium pour enfants, puis passe deux ans dans une clinique tenue par des religieuses où elle reçoit régulièrement la visite de ses parents.

Elle revient chez elle lors de la crise européenne provisoirement conclue par les accords de Munich. Dès lors, les deux sœurs commencent à s’intéresser ensemble aux actualités.

La résistance
En octobre 1941, un responsable du réseau “Johnny” [1] passe par l’hôtel des Alizon, il entend la mère de famille souvent alitée à cause de sa maladie se plaindre amèrement de la présence des occupants.

Or, ce réseau qui s’est d’abord donné pour mission de surveiller l’activité des bateaux de guerre allemands ayant investi la rade de Brest, doit abandonner ses points d’émission radio du Finistère à la suite d’arrestations.

Le petit hôtel, situé près de la gare de Rennes, mais en retrait et où les Allemands sont honnis, pourrait devenir ce point de repli. Le responsable y envoie deux jeunes gens pour en évaluer la possibilité. Le bâtiment a plusieurs accès et la salle de café-bar justifie la circulation des personnes.

Après qu’ils s’en soient ouvert à Marie Alizon, celle-ci prend la décision d’accepter la mise à disposition de l’hôtel pour la Résistance et met aussitôt sa sœur au courant, les deux sœurs reçoivent les renseignements “codés” transmis par Radio-Londres qu’elles transmettent aux “radios”.

De leur côté, ceux-ci radiotélégraphient le soir vers l’Angleterre ; entre autres informations transmises par les sœurs Alizon, on peut citer un déplacement du maréchal Goering entre Metz et Saint-Florentin.

L’arrestation

En février-mars 1942, plusieurs d’entre eux sont arrêtés, dont le fiancé de Marie Alizon. Bien que discrètement informée de cette arrestation par l’intermédiaire des parents du garçon, Marie ne fuit pas : comment laisser son père seul avec sa mère malade.

Le 13 mars, elle est arrêtée chez elle par des Feldgendarmes qui la remettent à la Gestapo. Elle est emprisonnée trois jours à la Tour pointue de Rennes, puis est transférée à Paris, à la section des femmes du quartier allemand de la Maison d’arrêt de la Santé.

Cinq jours plus tard, Simone Alizon est arrêtée à son tour par des Feldgendarmes, au moment où elle quitte la maison pour aller à l’école. Âgée dix-sept ans, menue, Simone a l’air d’une gamine inoffensive : elle est pourtant le “courrier” du réseau Johnny. Elle n’a pas voulu quitter la maison pour les mêmes motifs que sa sœur.

Leurs parents ne sont pas interpellés (leur mère est mourante), en octobre, elles sont transférées au quartier allemand de la Maison d’arrêt de Fresnes. 

Le 10 novembre, les deux sœurs sont transférées avec deux autres détenues de leur réseau – Lina Khun, Marguerite Chavaroc – et Toussainte Oppici au camp allemand du Fort de Romainville, situé sur la commune des Lilas (Seine-Saint-Denis – 93), premier élément d’infrastructure du Frontstalag 122, Marie Alizon y est enregistrée sous le matricule 1193, Simone sous le 1191.

Le 22 janvier 1943, cent premières femmes otages sont transférées en camions au camp de Royallieu à Compiègne, le lendemain, Manette et Poupette sont dans le deuxième groupe de cent-vingt-deux détenues du Fort qui les y rejoint. 

Le matin suivant, 24 janvier, les deux-cent-trente femmes sont conduites à la gare de marchandises de Compiègne et montent dans les quatre derniers wagons (à bestiaux) d’un convoi dans lequel plus de 1450 détenus hommes ont été entassés la veille. Comme les autres déportés, la plupart d’entre elles jettent sur les voies des messages à destination de leurs proches, rédigés la veille ou à la hâte,

En gare de Halle (Allemagne), le train se divise et les wagons des hommes sont dirigés sur le KL Sachsenhausen, tandis que les femmes arrivent en gare d’Auschwitz le 26 janvier au soir, Marie Alizon y est enregistrée sous le matricule 31777, Simone sous le 31776, le numéro de chacune est immédiatement tatoué sur son avant-bras gauche, le 3 février, la plupart des “31000” sont amenées à pied, par rangs de cinq, à Auschwitz-I.

Pendant les premières semaines, les deux sœurs ne se quittent pas un instant. Manette veille sur sa petite sœur, qui a ses dix-huit ans à Birkenau, le 24 février.

Après la mort de sa mère, qui a été prise à la “course”, Hélène Brabander se joint à elles pour former un trio inséparable et solidaire.

Manette, atteinte par la dysenterie, les jambes enflées, est admise au Revier, d’où elle sort vivante un peu plus tard, ayant de gros ganglions à l’aine, les jambes toujours gonflées, Manette en arrive à un stade d’épuisement où elle refuse toute nourriture.

Un matin, elle se présente seule au Revier, elle y contracte une double otite, non soignée, grâce à une complicité, Poupette parvient à lui rendre plusieurs visites, jusqu’au jour la détenue qui l’a aidée lui barre le passage pour lui faire comprendre que c’est fini.

Marie Alizon meurt à Birkenau le 3 juin 1943. Elle a eu vingt-deux ans trois semaines plus tôt.

Après la mort de Manette puis d’Hélène, Poupette est prise en charge par d’autres camarades de son convoi, elle intègre alors un groupe de six “31000” composé d’elle-même, de Gilberte Tamisé (la plus âgée, qui a perdu sa jeune sœur), de Charlotte Delbo, de Christiane Charua (dite Cécile), de Jeanne Serre (dite Carmen) et de sa sœur, Lucienne Thévenin (Lulu).

Elle est la seule non-communiste au cours du mois de mai, les six sont affectées comme jardinières au Kommando agricole de Raïsko, le 7 janvier 1944, avec ses cinq compagnes, Poupette fait partie d’un petit groupe de dix détenues désignées par le commandant d’Auschwitz pour être transférées vers un autre camp.

Elles sont d’abord conduites, en carriole, au Block de quarantaine de Birkenau où elles retrouvent les autres “31000”. Deux d’entre-elles, diagnostiquées fiévreuses, resteront sur place.

Cinq jours plus tard, le 9 août 1944, après sept mois au KL Ravensbrück, Poupette se retrouve avec ses compagnes, Cécile, Gilberte Tamisée, Carmen et Lulu dans un transport pour le Kommando de Beendorf, dépendant du KL Neuengamme.

L’hébergement de trois mille femmes se fait sous un immense hall en béton aménagé, mais celles-ci descendent quotidiennement travailler entre 400 et 600 mètres de profondeur dans une usine installée à l’intérieur d’une mine de sel et où sont fabriquées des pièces de moteurs de V1 (bombes volantes).

Exceptées Carmen et Lulu, elles sont séparées au hasard des ateliers qui fonctionnent jour et nuit. Elles obtiennent le soutien matériel de prisonniers de guerre français affectés à la mine, mais qu’elles ne rencontrent pas. Là encore, elles sabotent la production autant que possible.

Le 10 avril 1945, les cinq amies se retrouvent pour l’évacuation du camp. Les cinq mille concentrationnaires sont escortés jusqu’à un train de marchandises. Les femmes sont entassées dans des wagons à bestiaux et les hommes jusqu’à 250 sur des plates-formes découvertes. 

Les Alliés approchent. Le bruit du canon devient de plus en plus fort. Au court du trajet, elles ont même vu entrer dans la ville de Stendal les premiers blindés américains.

Après six jours d’un trajet mortel, les hommes sont conduits au petit camp de Woblelin. Emportant alors seulement les femmes, le train passe par la gare de Lübeck,

Quand enfin, après dix jours de voyage – pour parcourir 180 kilomètres – le convoi arrive à proximité du KL Neuengamme, le camp vient d’être évacué. Les derniers détenus sont partis le matin même, les femmes remontent dans leur train, qui s’arrête définitivement deux jours plus tard à hauteur du petit camp de Sasel, Kommando de femmes situé dans un faubourg de Hambourg – 13 km au nord-est – et dépendant du KL Neuengamme.

Simone est dans un commando de croque-morts : elle enterre toute la journée, transporte les cadavres, creuse les trous. Elle a vingt ans, la plupart des Françaises sont soignées en Suède pendant deux mois. La veille de partir, elles fêtent la nuit de la Saint-Jean et le soleil de minuit.

Le 23 ou 28 juin, les cinq amies sont rapatriées en avion – un DC9 équipé pour le transport de parachutistes – depuis Stockholm jusqu’à l’aérodrome de Villacoublay, proche de Versailles (Yvelines), conduit à l’hôtel Lutetia à Paris, leur petit groupe se disperse dans les bureaux où ont les interroge. Puis celles de la région parisienne partent avec leurs familles ou rentrent chez elles.

Simone Alizon se marie avec l’un des créateurs du réseau « Johnny », Jean Le Roux. Elle conserve de grosses séquelles de la déportation, elle est homologuée comme sous-lieutenant dans les Forces de la France combattante. En mars 1966, elle reçoit la Légion d’honneur.

Dans le convoi parti le 24 janvier 1943, il y avait cinq jeunes filles nées en 1925. Poupette est la seule qui ait survécu. Née en février, elle était l’aînée des cinq. Les autres sont mortes avant d’avoir dix-huit ans.

Simone Alizon est décédée le 24 juillet 2013, à 88 ans. Elle est inhumée au cimetière de l’Est de Rennes.

Elle a écrit un livre "L'exercice de vivre"

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KATIA ALTMAN

  • Katia Altman
  • Katia Altman

Kitia (Henrietta) Altman est né à Bedzin, une petite ville dans l'est de la Pologne.

Sa famille jouissait d'une vie confortable de classe moyenne dans un bloc d'appartements appartenant à sa grand-mère,  Kitia a reçu une éducation solide à Furtenburg Gymanasium, où elle inscrivit en 1939.

Ses plans pour un voyage d'étude plus approfondie en France ont été contrecarrés par le déclenchement de la guerre et après l'occupation allemande de Bedzin. Kitia a commencé à enseigner les enfants juifs qui avaient été privés d'éducation dans le cadre du nouveau régime nazi.

Kitia ensuite trouva un emploi dans une usine dont l'activité résidait dans la fabrication des uniformes d'hiver pour l'armée allemande  
le Directeur, un Allemand, a fait tout ce qu'il pouvait pour aider ses travailleurs juifs, pendant un certain temps, il a été en mesure de leurs délivrer avec une Sonderkarte, un document exonérant le travailleur ayant deux personnes à charge de partir en déportation.

Il a ensuite été honoré comme «Justes parmi les Nations» par Yad Vashem.

Dans cette usine, Kitia se lia d'amitié avec une polonaise chrétienne qui a offert de la sauver des événements qui allaient suivre, au lieu de cela, Kitia la persuada de cacher son jeune cousin à sa place.

La Polonais a aussi été honoré comme «Justes parmi les Nations» pour son acte de protection.

En Août 1943, les ordres ont été donné pour nettoyer le ghetto des Juifs, les parents de kitia ont été envoyés à Annaberg dans un camp de travail, tandis que Kitia est resté à Bedzin avec un petit groupe connu sous le nom 'derniers Juifs de l'Est de la Haute-Silésie. 

En Juin 1944, après l'invasion alliée de la France, ce groupe a également été transporté à Annaberg, en Juillet, Kitia a été transféré à Auschwitz.

Après le soulèvement d'Auschwitz en Octobre 1944, Kitia a été transporté à Ravensbruck, puis Beendorf, où elle a été mise au travail dans une usine de munitions Siemens produisant secrètes fusées V-2, elle a finalement été libérée par la Croix-Rouge internationale en Avril 1945.

Kitia a été emmené à Malmö en Suède avant de déménager à Paris et de se marier, en 1947, elle et son mari ont émigré en Australie.

Un livre écrit par Kitia Altman (Henrietta Altmann), "Memories of ordinary people

SIMONE JACQUES-YAHIEL

Simone Jacques-Yahiel

Simone est la benjamine d’une famille de résistants français, fille de Jacques Yahiel, actifs au sein du réseau Brandy, où elle relève les boîtes aux lettres, code et décode des messages pour Londres, convoie des aviateurs alliés.

Le 27 juin 1943, elle est arrêtée à la gare de Lyon au retour d’une mission, elle est emprisonnée à Fresnes où elle est baptisée par l'abbé Franz Stock, aumônier allemand des prisons parisiennes, le 12 novembre 1943.

Grâce à l'aumônier allemand qui falsifie les registres, sa mère Alice et elle échappent à une exécution au Mont-Valérien et, fin janvier 1944, elles sont transférées à Compiègne puis déportées à Ravensbrück avant d’être acheminées dans les mines de sel de Beendorf en août 1944 où elles continuent de résister en sabotant les pièces destinées à l'aviation allemande.

Elle sera libérée à Hambourg le 1er mai 1945.

Traumatisée comme beaucoup de survivantes de Ravensbrück, elle ne sait que se taire sur ses souvenirs du camp de concentration.

Après la guerre, elle consacra le reste de sa vie à la danse qu'elle a notamment apprise à l'opéra d'Helsinki auprès de mademoiselle Koskinnen, monsieur Nikko et le maître de ballet monsieur Saxelin .

Danseuse, mais incapable de pratiquer à cause de ses séquelles de déportation, elle devint professeur de danse à Bruxelles et dans onze autres écoles de Belgique et du Nord de la France dont celle d' Avesnes-sur-Helpe où la fête annuelle de son école y était un événement de la vie locale.

Ce n'est qu'après son arrivée à Bas-Lieu, où elle habita de 1983 jusqu'à son décès, qu'elle sort en 1998 de son silence pour témoigner devant des élèves du lycée d'Avesnes-sur-Helpe.

Dès lors, elle transmit son expérience aux élèves de l’Avesnois et du collège Jean Rostand du Cateau-Cambrésis et dans les maisons de retraite de sa région d’adoption.

Dès 1945, elle avait pourtant commencé l’écriture de ses mémoires qui furent publiés une première fois, grâce à son ami Arnaud Richard, dans l’urgence chez L’Harmattan en décembre 2011, quelques semaines après son décès, sous le titre Ma raison d’être, Souvenirs d’une famille de déportés résistants puis dans une seconde version corrigée en mars 2015 par Arnaud Richard, dix mois après un procès gagné contre une prétendue co-auteure.

Le 8 mai 2010, elle a reçu le diplôme des combattants de l'armée française qui vient compléter la liste des médailles, diplômes et récompenses qui lui sont décernés : 1947 Medal of Freedom de Dwight Eisenhower, 1949 certificat récompensant l’aide aux aviateurs du Commonwealth Britannique du maréchal Edder, 1991 chevalier de la Légion d’honneur et Croix de guerre 1939-1945 avec palme.

Elle est décédée à Maubeuge le 5 novembre 2011 à l’âge de 93 ans.

Le musée de la Résistance de Bondues a dédié à Simone Jacques-Yahiel l'exposition temporaire 2011-2012 Rester Debout.

Le 22 septembre 2013, la Voix du Nord cite Simone Jacques-Yahiel parmi les nordistes qui mériteraient le Panthéon.

Un mouchoir signé par Simone Jacques, sa mère, et Geneviève de Gaulle notamment est exposé au Musée de l'Ordre de la Libération sur le site des Invalides à Paris.

En juin 2014, Simone Jacques-Yahiel lègue par testament au Mémorial de Caen la tenue de son frère Georges déporté au camp de Buchenwald.

Elle a aussi écrit un livre "Ma raison d'être, Souvenirs d'une famille de déportés résistants".

Source "Wiki"

Anna Maria Hubertine Peeters-Aretz

Anna Maria Hubertine Peeters-Aretz est né le 22.08.1893 en Rhénanie-Palatinat, domicilié en Belgique à Berlaar.

Infirmière de profession, elle est arrêtée et mise en détention préventive le 05.02.1943 par la gestapo.

Elle est déportée ensuite au Kz de Ravensbrück le 19.6.1944 et ensuite au Kz de Beendorf-Bartensleben (commando extérieur du KL Neuengamme le 07.08.1944).

Anna Maria est libérée par la croix rouge au début mai 1945 et ensuite elle est transférée en Suède/Malö le 03.05.1945.

Un livre écrit par Monsieur Manfred Freude, concernant sa tante Hubertine Aretz.

Le livre

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